L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) définit les dépenses d’un ménage comme l’ensemble des dépenses de consommation finale effectuées par un ménage résident pour satisfaire ses besoins quotidiens. Ces dépenses incluent la nourriture, les vêtements, le logement (loyers), l’énergie, le transport, les biens durables (notamment les voitures), la santé, les loisirs et les services divers. En général, ces dépenses représentent environ 60 % du produit intérieur brut (PIB), ce qui en fait une variable essentielle pour l’analyse économique de la demande.
Les dépenses des ménages camerounais en zone urbaine sont supérieures qu’en zone rurale.
Selon une enquête réalisée par l’Institut National de la Statistique (INS) en 2014 (ECAM4) au Cameroun, un ménage dépense en moyenne environ 2 millions de FCFA par an. En tenant compte de la croissance économique du pays ainsi que de l’inflation, nous estimons que cette dépense est aujourd’hui supérieure à 2 millions. Cependant, cette valeur n’est pas représentative, car il existe des disparités de revenus selon la région où vit le ménage. Par exemple, un individu vivant en milieu rural aura des dépenses moins importantes qu’un individu vivant en milieu urbain, car ils sont soumis à des dépenses différentes.
En zone urbaine, les coûts des biens de consommation, tels que le loyer, l’énergie ou les loisirs, sont généralement plus élevés que dans les zones rurales. Certains coûts sont pratiquement inexistants en zone rurale, comme ceux liés au loyer ou aux loisirs, car la plupart des habitants possèdent leur propre domicile et n’ont pas les mêmes loisirs que ceux vivant en ville. En effet, certains loisirs sont quasiment inexistants en zone rurale.
Les ménages de Douala dépensent-ils plus que ceux de Yaoundé ?
Nous savons que les ménages résidant en région urbaine ont des dépenses supérieures à celles des ménages vivant en région rurale. Cependant, qu’en est-il des dépenses des individus vivant dans différentes zones urbaines ayant des caractéristiques similaires ? Dans le cadre de notre étude, nous examinons Douala et Yaoundé. À l’aide des données de l’ECAM4, nous allons vérifier si les ménages de Douala ont des dépenses totales supérieures à celles des ménages de Yaoundé.
Pour cette analyse de donnée, nous allons étudier un échantillon de 2 200 ménages : 1 137 individus vivant à Douala et 1 063 individus vivant à Yaoundé. Un bref aperçu de notre échantillon montre qu’il est distribué de manière relativement homogène (Fig. 1).
Nous avons également remarqué la présence de valeurs aberrantes (outliers). Pour éviter une trop grande variance dans notre analyse, nous avons identifié ces valeurs aberrantes à l’aide de la méthode du Z-score. Nous les avons ensuite remplacées par les dépenses moyennes pour éviter une perte de précision (Fig. 2).
L’histogramme de la distribution des dépenses montre que les dépenses des ménages de Douala et de Yaoundé suivent une distribution normale. La plupart des participants ont une dépense annuelle comprise entre 1 250 000 et 3 500 000 FCFA par an (Fig. 3).
Les dépenses moyennes totales à Douala s’élèvent à 3 264 517 FCFA par an, contre 3 099 715 FCFA à Yaoundé. L’objectif de cette analyse est de déterminer si les ménages vivant à Douala ont une dépense totale annuelle supérieure à celle des ménages de Yaoundé. Les hypothèses formulées pour notre analyse sont les suivantes :
- Hypothèse nulle (H0) : Les ménages de Douala ont une dépense inférieure ou égale à celle des ménages de Yaoundé ( H0 : μD ≤ μY ).
- Hypothèse alternative (H1) : Les ménages de Douala ont une dépense supérieure à celle des ménages de Yaoundé ( H1 : μD > μY ).
Pour rejeter l’hypothèse nulle, nous effectuons un test statistique de Student, puisqu’il s’agit d’une comparaison entre deux groupes. Le test est réalisé avec un seuil de tolérance de 5 %.
Le calcul de la valeur de t pour notre échantillon donne un résultat de 13,8 avec un degré de liberté de 2 198. Cette valeur est supérieure au t critique de la table de Student. L’hypothèse nulle est donc rejetée en faveur de l’hypothèse alternative. Nous pouvons conclure que les ménages de Douala ont une dépense supérieure à ceux de Yaoundé. Ce résultat est parfaitement plausible, surtout sachant que les deux régions sont parmi les plus développées du Cameroun et que Douala est considéré comme le centre industriel du pays. De plus, la ville de Douala offre plus d’opportunités d’emploi à ses résidents que Yaoundé, et les salaires y sont souvent plus attractifs. Cet accès facilité au travail et la possibilité d’obtenir un salaire élevé ont cependant un coût. En effet, le coût de la vie à Douala est généralement plus élevé (soit 134 % plus élevé qu’à Yaoundé, selon livingCost.org). Le graphique suivant compare les dépenses des villes de Douala et Yaoundé.
Comme mentionné précédemment, il est possible que les dépenses des ménages camerounais aient augmenté au fil des années. Malheureusement, il ne nous est pas possible de confirmer si les résultats obtenus dans cette étude sont toujours d’actualité. Pour le vérifier, il serait nécessaire de disposer de données récentes sur les ménages camerounais.